Merci à tous pour vos messages suite à mon dernier article sur le divorce. Mis à la une sur un des sites de femme actuelle en « coup de coeur famille », j’ai pu aussi constater que celui-ci a résonné pour beaucoup comme écho. Comme évoqué dans ce dernier, nous avons opté pour une garde alternée à 50/50. Outre tous les retentissements lors d’un divorce, c’est bien évidemment la notion de garde qui provoque le plus d’inquiétudes. . Les réactions seront différentes en fonction de l’âge de votre enfant, de votre situation ou du caractère de chacun. Je précise que nos enfants ont 20 mois d’écart : 4 ans et 2 ans et demi et que nous avons divorcé à l’amiable. Chaque expérience est par conséquent unique et difficilement comparable mais les grands principes rétentiront pour ceux qui sont passés par là comme une évidence.
Hantés par la peur de ne plus voir ses enfants au quotidien, et angoissés par la crainte de perturber leur équilibre, il nous a paru nécessaire de tout mesurer. Stephen King disait « les graines semées dans l’enfance développent de profondes racines ». Cette citation prend tout son sens face à notre souhait de les préserver.
Outre toutes nos considérations personnelles, l’essentiel dans un divorce est à mon sens de préserver le bien-être des enfants. Pour notre part nous jugions que nos enfants ont autant besoin de leur maman que leur papa excluant ainsi la garde exclusive. De plus nos travails respectifs nous permettaient d’opter pour une garde alternée à l’équité.
Novice dans ce domaine, c’est alors que l’on se renseigne sur les différents modes de garde alternée :
- Le traditionnel 1 semaine sur 2. Nos enfants à 4 ans et 2 ans et demi sont presque encore des bébés. Ne pas voir leurs parents pendant 1 semaine me paraissait bien trop brutal à leur si jeune âge. De plus nous n’imaginions pas ne pas les voir sur une période si longue. Même un pédiatre et un psychologue m’ont souligné qu’à cet âge, ils avaient besoin de leurs parents et que ce système n’était pas vraiment conseillé. Je pense tout de même qu’à partir de l’entrée en Cp avec l’arrivée des devoirs ce mode pourrait tout à fait être adéquat et reconsidéré par nos soins plus tard.
- La garde 5/2/2/5 : chez Papa, tous les lundis et mardis, chez Maman, tous les mercredis et jeudis (ou vice versa) et en alternance du vendredi au lundi matin. Nous avons testé pendant 1 mois ce système. C’est très bien d’avoir les mêmes jours de garde pour l’organisation, leurs repères sont figés et l’organisation plus rodé (planning plus facile, ou si vous avez une activité sportive régulière). Mais nous avons préféré changé pour une meilleure équité et que nous souhaitions les voir plus souvent. Nous avons donc choisi une garde 2/2/3.
- La garde 2/2/3. Semaine paire : leur père les a lundi/mardi et le week-end et moi le mercredi et jeudi. Semaine impaire nous inversons. Nous partageons les vacances scolaires par semaine entière ou quinzaine l’été. Ravis de ce mode de garde, je vous évoque plus bas mon ressenti et celui de nos enfants.
Un divorce est pour eux un passage très perturbant. Ils n’ont rien choisi, ils ont leur rituels, leur repères, leur 2 parents, leur maison, leurs chambres et jouets et puis un jour tout va changer :
Il y aura l’annonce … un moment particulièrement stressant pour nous parents, mêlant sentiment de culpabilité et de crainte quant à leur réactions. Nous avons pris le temps de bien leur expliquer les causes (la transparence sans rentrer dans les détails non plus) et tout ce que ce changement pouvait impliquer pour eux. Nous les avons rassuré qu’il n’y était pour rien et que rien ne changerait dans l’amour qu’on leur portait. Ils ont très bien accueilli la décision. J’avais les larmes aux yeux par peur de leur réactions mais on avait plutôt l’impression qu’on les saoulait à répéter « maman et papa vous aiment ».
Puis le partage … des jouets qui iront chez maman ou papa. Moment difficile. Je revois mon fils s’agrippant à certains jouets clamant c’est « à moi ! ». Et ma fille ne comprenant plus que son lit avait disparu. Un peu perdus face à la préparation du déménagement, des cartons … réalisant encore peu qu’ils auraient bientôt 2 maisons.
Vient le déménagement … j’ai déménagé en premier et ne voulais en aucun cas qu’ils pensent que je les abandonne. On ne sait pas ce qu’un enfant peut vraiment ressentir dans ces moments. J’ai donc été leur faire visiter avec leur père, leur future maison afin qu’ils conceptualise et visualise ce changement. Nous avons préparé nos cartons ensemble. Les impliquer et communiquer serait le meilleur conseil que je pourrais vous prodiguer. Prendre le temps de leur expliquer pour anticiper sur leurs éventuelles craintes.
Puis l’aménagement : pendant cette période ils sont restés dans notre ancienne maison avec leur père, j’ai fais régulièrement des allers-retours pour faire la transition en douceur. Mais ce petit temps m’a permis de m’activer pour les accueillir au mieux et c’est aussi révélé être un moment salvateur. Il faut se l’avouer c’est une période particulièrement sombre pour nous aussi. Vous êtes épuisés par les derniers mois (prise de décision, lancement de la procédure, recherche de logement, préparation du déménagement) vous arrivez dans une maison vide, vous avez de nombreuses choses à racheter comme si vous recommenciez à 0. Vous devez vous organiser : grand nettoyage, errer dans les magasins pour racheter de la vaisselle, des meubles, des lits … puis monter les meubles, bricoler ou apprendre à bricoler me concernant, aménager et décorer … Merci à mon entourage et ma mère particulièrement présents dans ces instants. Cette semaine d’installation intense a pour moi été particulièrement fatiguante et éprouvante, j’ai donc préféré qu’ils ne soient pas au milieu des cartons et face à ma mine épuisée. Ils ont ainsi aménagé dans leur « new home » avec une maison rangée et décorée. C’est plus rassurant pour eux de découvrir leur chambres avec leurs jouets et lits installés.
On veille sur l’adaptation : le changement s’opère parfois avec douleur. Il faut comprendre que la patience et le temps seront vos meilleurs alliés. Ravis de leur 2 nouvelles maisons, ils sont parfois agacés de ne pas retrouver certains jouets dans telle maison. Mon fils m’a indiqué que le jardin était petit (grrrr) par rapport à notre ancienne maison … Mais je lui ai rétorqué qu’il était déjà chanceux d’en avoir un ! Ma fille réclame parfois l’un de nous. Ils nous voient tous les 2 jours certes mais ils peuvent parfois être perdus sur le programme de leur semaine. Des moments de blues viennent troubler leur quotidien : je veux papa et maman dans la même maison. Il nous faut alors redoubler d’écoute et de psychologie. Bien veiller à observer tout signes de souffrance de leur côté afin de pouvoir réagir au plus vite.
Mais en réalité il ne faut pas sous-estimer leur capacité d’adaptation. Passé ce cap, ils ont fini par retrouver leur repères. On leur explique qui viendra les chercher tel soir, leur programme … On a une organisation bien rodé. Il y a encore quelques moments difficiles pour eux et il y en aura encore forcément. Mais je retiens surtout leur joie de vivre qui est bien présente au quotidien prouvant que même si ils vivent certaines souffrances, ils ne sont pas malheureux non plus. Grâce à l’amour que l’on porte à nos enfants et la bonne entente que l’on entretient avec mon ex mari, je suis convaincu que nous pourrons réussir cette garde alternée avec brio.
Coté organisation c’est évidemment anticiper. J’ai réalisé un planning pour l’année en indiquant nos jours de gardes respectifs pour les semaines et vacances scolaires. Un sac commun se balade entre nos 2 maisons avec les doudous, chaussures, cartables et correspondances diverses que nous déposons à la crèche pour que l’autre puisse le récupérer. Nous avons chacun des vêtements chez nous mais nous partageons les chaussures, manteaux …. Les vêtements avec lesquels ils arrivent chez nous sont remis dans le sac commun pour que chacun retrouve ses affaires. C’est aussi une communication de tout instants sur les humeurs diverses, les infos de l’école ou de la crèche, les frais liés aux enfants, les rdv médecins, les anecdotes, quelques photos … Nous partageons les frais. J’avance la totalité pour facilité tous les organismes et mon ex mari me reverse la moitié. Coté tâches ménagères, je profite des moments seuls pour faire mon ménage, repassage, préparer les repas en amont pour être ainsi plus disponible quand je les ai.
La garde alternée c’est aussi des compromis en bonne intelligence. Il faut tout d’abord habiter à proximité ce qui facilite les trajets école et crèche. Comme évoqué dans mon dernier article c’est privilégier des rapports sains avec son ex et savoir aborder la garde alternée avec souplesse. Il faut être ouvert à se rendre des services si l’un est en déplacement. Et conciliant, si exceptionnellement il ramènera vos enfants 1 heure plus tard. En clair agir en bonne intelligence. Ce point est primordial. Les enfants n’ont pas à subir les querelles de leurs parents. C’est déjà dure pour eux de ne plus avoir leur parents ensemble alors les voir bien s’entendre réchauffent leur coeur. Coté perso c’est néanmoins compliqué de programmer une activité sportive toutes les semaines il faut l’accepter. Le train de vie est aussi diminué et il faut se résoudre à certains sacrifices.
Une concordance d’éducation. Prôner les mêmes principes d’éducation, être d’accord sur les fondamentaux afin d’apporter une stabilité aux enfants . Même séparés nous restons leurs parents et ne pas aller à l’encontre de l’autre, respecter l’autre parent avec ses enfants est essentiel pour leur équilibre. Je ne souhaite pas qu’ils deviennent des enfants « pourris gâtés » sous prétexte qu’ils ont des parents divorcés, et que tout est multiplié par 2. Alors on culpabilise parfois, on se dit qu’ils ont besoin de plus de souplesse pour faire face aux changements. Mais surtout ne pas lâcher sur les règles est mon principe. C’est en posant un cadre qu’ils comprennent les limites et se sentent en sécurité.
Psychologiquement il a fallu nous adapter : c’est dure de ne plus voir ses enfants au quotidien. Quelque part vos enfants vous échappent, il faut accepter de ne pas tout savoir quand ils sont chez l’autre parent. Ne pas être intruisif aussi pour l’autre. C’est aussi épuisant de gérer des enfants en bas âge seule il faut le dire. Affirmer son autorité, assumer seule toutes les tâches d’une journée sans répit. Ayant gardé mes 2 enfants pendant 1 an et demi en congé parental, j’étais pour cela quelque part préparé. Il faut aussi appréhender cette nouvelle solitude quand vos enfants sont absents. Faire face à sa maison vide sans les bruits des enfants le week-end. Mais avouons le on fini par profiter aussi de cette liberté retrouvée. Redécouvrir les grasses matinées (bien que je n’arrive pas à dépasser les 8h30), se lancer dans de nouvelles activités, prendre du temps pour soi, recevoir des amis ou sortir. On fini par s’adapter et organiser sa vie sociale autrement. Pour ma part quand je les ai le week-end, je profite à fond d’eux partageant des moments seuls avec eux ou avec des amis et leurs enfants ou avec mes parents. Et quand je suis en solo, je m’occupe l’esprit. Jusqu’à présent j’ai toujours réussi à ne pas être trop seule les week-end étant régulièrement invitée. Mais la solitude ne me fait pas peur, j’apprécie aussi ces moments qui me permettent de me retrouver, courir, écrire, et assouvir mes différentes passions …
En conclusion. Nous sommes ravis du mode de garde 2/2/3. Certes cela nécessite beaucoup d’organisation, chaque semaine nous les avons des jours différents. Mais on les voit ainsi régulièrement toutes les semaines. Certains parents, peuvent découcher lors de déplacement, alors finalement c’est comme un déplacement. Même si c’est différent l’absence est moins rude avec ce principe de garde. Nous pouvons profiter ainsi avec cette alternance de leur vie scolaire aussi bien en début qu’en fin de semaine. Puis les vacances scolaires nous permettent de profiter d’eux plus longtemps.
L’humain à une grande capacité adaptation, n’en doutez point. Et grâce à une logique de bienveillance et d’intelligence la garde ne peut-être que réussie . Il y aura des perturbations, il faut s’y attendre, des plaies à panser parfois. Il faudra réinventer sa relation avec eux, combler l’absence. C’est alors que la communication avec son ex est primordiale. Ce lien est indissociable pour préserver la réussite d’une garde alternée. Pour le moment même si il y a parfois des souffrances à apaiser, je les sens heureux. Peut-être leur jeune âge mais l’adaptation s’est finalement bien passée.
Il sera peut-être nécessaire d’adapter ce mode de garde avec l’évolution de nos enfants, de leur âge. Rien n’est figé car la vie évolue sans cesse. Viendra peut-être un jour où l’un de nous refera sa vie, il faudra alors aborder une nouvelle adaptation. Peut être un jour nos enfants en auront marre de changer perpétuellement de maison … Peut-être un jour nous seront tous les maux de leur mal-être sous prétexte qu’ils auront eu des parents divorcés … Peut-être aussi qu’il n’y aura pas eu autant d’impact négatif que l’on s’imaginait … Avec des peut–être on peut tout imaginer … mais il est préférable de vivre l’instant présent et comme dirait le proverbe « Nul ne sait ce que l’avenir nous réserve ». Alors profitons d’eux car le temps passe si vite.
Et vous ? Quel mode de garde avez vous opté ? Faîtes nous part de votre expérience.
Un article qui répond à un grand nombre de questions soulevées lors d’un divorce. Je suis certaine que des familles pourront y trouver des réponses et juste pour ça, merci de partager ce billet avec nous !
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Comme cet article me parle.
On a beau dire qu’un divorce qui se passe bien n’affecte pas les enfants, je n’y crois pas. Séparée depuis 11 ans, nous avons, comme vous essayé d’agir en bonne intelligence. Nous avons choisi la même alternance que vous , avec toutefois une différence de taille, les enfants ne changeaient pas de maison. C’est nous, parents qui alternions.
J’ai détesté les Noël sans mes enfants, les premières fois manquées. Malgré toute la sérénité de la séparation, rien ne peut lutter contre cela . J’ai eu également beaucoup de mal à ne pas chercher à savoir la vie chez l’autre et notamment quand est venue l’heure d’une nouvelle relation. Pas facile de lutter contre la peur de la comparaison. Même si l’autre parent jamais ne vous remet en cause, il faut avoir une bonne dose de recul pour éviter les questions, les fantasmes « ils préfèrent leur père ».
C’est compliqué pour les enfants de vivre « en alternance », de ne pas perdre un lien naturel avec leur parent. Le quotidien supporte mal le temps qui passe. Et, c’est ce que je n’aimais pas dans cette alternance, c’est qu’aucune routine n’avait le temps de s’installer. Mais, elle avait l’avantage d’éviter les longues journées sans les voir.
Aujourd’hui, les enfants ont grandi et régulièrement, le mode de garde change, gagne en souplesse. Mais une chose ne change pas, le lien inaltérable avec le papa. Et dans ce cas là, on est heureux de n’avoir pas entamé une guerre inutile. Agir en bonne intelligence, ne pas s’arrêter à des détails nuisibles et accepter les failles ( les miennes ont été parfois terribles) permettent aux enfants d’être à l’aise dans leur vie, d’être heureux partout.
Merci pour ces articles tellement loin des clichés
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Merci pour cet article
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